LES PERRONS, 25 ans après.
La quartzite et le gneiss du coin bouffent les mèches du perfo, aussi vite que les batteries se prennent une claque dans la gueule...
SEJOUR GRANDES VOIES EN CORSES MAI 2024
Un trip au grès de nos envies, des taffonies, de la ligne qui nous inspire. Deux guidos, des lignes de rêves, la Corse... What else ?
Les chameaux sont des cons
Il y a ce chameau qui me regarde de biais, la truffe au vent et le sourcil circonflexe, en mode Jean Dujardin. « Dit dont Maurice, tu ne trouves pas que tu pousses le bouchon un petit peu trop loin ? » qu’il me dit, du bout de son bec de lièvre. On a toujours l’impression qu’un chameau est en train de bouffer une patate trop chaude, genre « ouilleouilleouille ‘est bon mais ’est chaud... ».
T’es boursouflé de la bosse le camel ou bien ? On se connait à peine et tu te permets déjà un avis sur ma tenue, ma coupe de cheveux ou je ne sais quoi. Tu t’es regardé ? le poil bouloché, le cou trop long et le regard aussi vif qu’une guichetière de fête foraine. Faudrait quand même voir à pas trop la ramener le camel.
Je sais ce que vous pensez, ce n’est pas un chameau, c’est un dromadaire. Alors j’emmerde les bibliothécaires et les cruciverbistes qui vivent encore chez maman.
Ici, on appelle ça des camel, et c’est tout. Une bosse, deux bosses, blanc, marron, kaki, vert pomme, c’est tout du camel. Et basta. Le bédouin ne s’emmerde pas avec le détail. Pas plus avec la maçonnerie. Et encore moins avec le recyclage. « Dites moi jeune bédouin, je ne vois pas la poubelle jaune, celle pour les emballages. Auriez vous la gentillesse de m’indiquer le centre de tri le plus proche de la bourgade, vous serez bien urbain ». « Bien-sur ma bonne dame. Vous voyez la grosse poubelle éventrée au milieu de la rue, juste à côté du tas de gravats de gauche ? - celui de droite est à mon voisin - Oui, voilà, celle qui n’a plus de roue. Ni de poignée, c’est ça. Ni de couvercle, vous avez raison. Et bien n’hésitez pas à jeter vos poubelles dedans. Ou à côté c’est pareil. Ou derrière la dune là bas. Ou là bas, l’autre dune, c’est la mienne. Ou dans ton cul. ». Le bédouin est taquin.
les chameaux sont des cons, suite....
Et si le chameau est le prince du désert, le bédouin est le roi de Wadi Rum. Et niveau « je fais ce que je veux et je t’emmerde » le village d’Asterix à côté c’est un centre carcéral. Déjà, on ne va pas se faire chier avec un plan d’urbanisme, le premier architecte qui pointe son cheikh, on en fait du shawarma. Côté électricité, le consuel à fait demi tour à l’entrée du bled, voir à Aqaba. Je me demande même si il a pris l’avion ce con... Ici, on aime la couleur. Des fils bleus, rouges, verts, marrons, roses ... Ie tout repiqué avec deux bouts de tôle ondulée sur du 220 qui sort à même le sable, qui fait masse sur le vieux pick up de tonton Homar, et qui prend feu régulièrement parce qu’un môme pied nu à marché de dessus. Oui, le fils de bédouin est aussi très taquin. Heureusement que le fer à béton résiste mieux au feu que le mélèze haut alpin, parce que le canadair se fait rare à Rum ( tient, c’est dur à dire ça...). La Ferrari se fait rare à rum. Ça aussi c’est difficile ! Ou « Fait rare à Rum, la Ferrari d’Omar démarre rarement sans ramer ». Bref...
3000 habitants de plus qu’il y a 18 ans, c’est dire que j’étais perdu en arrivant. Et même après. Avec Sandrine, on a fait quelques fois le tour du bled avant que j’ai la présence d’esprit de rentrer un point GPS qui mennait droit au tas de gravats qui signale l’entrée de la maison d’Atayek. Et quand tu demandes la maison d’Atayek à un bédouin, la réponse est unanime: lequel ? Lequel, lequel... t’es marrant toi ! Atayek quoi... Un mec avec un Scheich, une djélaba, et un pick up Toyota. Alors oui, le pick up Toyota est au bedouin ce que le vélo cargo est au bobo Lyonnais pour emmener ses mouflets à l’école Montessori la plus proche, un truc vitale. Et Toyota doit énormément aux tribus de Wadi Rum ! Hégémonique, telle est la position de la marque nippone dans les dunes de la vallée de la Lune. Pour se marrer faudrait faire un jeu : mélanger les pick-up en mode bonneteau et faire un grand tas de clef dans un saladier. On a moyen de rigoler un moment !
les chameaux continuent ...
Et puis avant, on croisait des bédouins fiers comme artaban, juchés sur de gigantesques chameaux ondulant dans le sable rouge, en criant Aqaba, Aqaba ! le sabre au clair et le cheikh au vent. De nos jours on voit plus souvent des chameaux dans la benne d’un toyota. Et quand ils marchent dans le désert, c’est souvent affublé d' un gros touriste rougeot et mollasson qui se fait promener au bout d’une longe et qui rêve de Lawrence d’Arabie et du temps béni des colonies, comme le chante si bien Michel. Et là, le chameau perd de sa superbe. Moins que le touriste qui le chevauche mais quand même.
Mais dès qu’on lève les yeux, le Wadi Rum que je découvrais il y a 25 ans est le même que celui de Lawrence D’Arabie. Finit les touristes en goguette, les tas de gravats et les Toyota. Rien ne change là haut. Rien ne bouge dans les faces. Elles dominent le bled de leur superbe, et semblent dire aux grimpeurs qui s’excitent en bas « Vient mon coco, mais n’oublies pas tes couilles. Nous on est là on bouge pas. Gros bisous mon loulou».
Les colos de grès tendre s’agglutinent les unes contre les autres pour supporter les vires de mushrooms où se faufilent les Bedouin’s route. Les canyons secrets dévoilent leurs entré au plus fouineur. Les fissures mangeuses de friends surgissent au détour d’un pilier. Ici, tout t’appelle vers le haut, tout est beau, tout te tente.
Il faut y aller mollo sur ce grès si particulier, bien loin de la résistance des blocs de Bleau ou d’Albarraccin. Et là, point d’empilement de crash pad salutaire. Le râteau risque de laisser quelques souvenirs dans ton âme, et plus surement dans ta chair. Trop loin au dessus de la dernière lunule, l’appui se fait tout doux, le placement précis. Et si parfois tu te trouves un poil tendu, tu remets la relaxation au prochain bac, ça tiendra bien jusque là. Heureusement le grain du bled ressemble plus à du papier de verre 120 qu’au rebord des chiottes qui ornent les bulles de luxe de certains camps bédouins. Et pour le coup, merci Allah de cette attention si particulière. Et si Jesus était un free rider, je me demande si Allah ne taquinait pas le sac à magnésie entre deux miracles.
les chameaux sont joueurs...
Alors autant participer au miracle. Car oui, l’escalade à Wadi Rum est miraculeuse. Et chaque jour invite à découvrir une nouvelle ligne. Et pendant que les grimpeurs s’entassent dans les classiques, suivant les traces de magnésie du topo d’Arnaud Petit, mes ouailles et moi nous sommes mis à la marge. Bien nous en a pris. Personne vu pendant deux semaines. Seuls nos cris résonnent encore dans les canyons. Seuls nos pas sont gravés dans le sable des traversées de massifs improbables. Seule l’emprunte de nos karrimât subsiste dans le sable d’un petit désert planqué sous le sommet. Et tout le reste est imprimé sur nos phalanges, et encore plus derrière nos rétines, stocké dans le disque dur. Il est urgent de faire une sauvegarde, faut pas que ça bug, ça serait ballot.
Ce matin, de retour de ces deux semaines de parenthèse, je gratte le pare brise de ma bagnole à grand coup de râteau, mais je sens encore le sable rouge sous ma voute plantaire. Mes nuits sont encore là-bas. Mes rêves s’empêtrent dans les méandres de la Talmudique. Les lunules de Razzia surgissent dans mon sommeil, tout autant que la dernière longueur de Wonderland et le sourire des filles qui en sortent. Le désert caché du dernier rappel de Karazeh Canyon arrive sous mes pieds, immaculé et caché des regards... Je crois que je n’ai pas tellement envie de rentrer au port, et la houle du désert me berce toujours.
La "vallée de la Lune", quel beau nom, quel endroit dingue. Je gratte aussi beaucoup le topo de Howard, vieille bible mâle foutue, illisible mais incontournable.
Dès que je tourne les pages, le Muezzin chante ses psaumes. Je referme aussitôt, de peur de réveiller la maisonnée. Alors je m’isole dans un coin, et je l’ouvre à nouveau au son du braillard. Le sable coule de chaque chapitre, je gribouille toutes les voies que j’ai faites, j’ajoute des détails, je dessine les descentes, je me perd encore. J’ajoute enfin dans la marge le matos qu’il faut pour chacune d’entre elles. Et puis je fais des plans pour la prochaine. Parce que c’est certain, je ne vais pas attendre de nouveau 18 ans avant de retourner à Rum. Alors à tout bientôt dans le bac à sable
2 semaines dans le sable.
Du 06 au 20 Novembre 2022
Une première avec Sandou, venue tout droit de Chicoutimi ( le direct Chicoutimi-Aqaba n’est pas le vol le plus simple à dégotter...). Une fois de plus dans mes traces, sans coup férir. Et puis un gros big up à Patricia, qui aurait du être de la partie. Je l’ai abandonnée la larme à l’oeil au départ de Milan, à cause d'un passeport non valide. Grrr....
Merci Elise, Eve et Guartine, la team ardéchoise de la deuxième semaine. Les reines du pâté végétal et du cake à la châtaigne. Un grand bonheur de vous avoir guidé sur ce coin de planète improbable.
Merci merci merci mon ami Jérôme. Toujours un plaisir paisible de partager ces longueurs avec toi. Un terrain pour toi, pour sûr !
Et puis un grand merci à Atayek, roi de Rum. Quelle belle rencontre que ce mec ancré dans le sable rouge, le regard lumineux et la sincérité bien chevillée au corps. Dément ! Si vous voulez le rencontrer, c’est là: https://www.facebook.com/ atayek.alzalabeh.
TOUTES LES PHOTOS DE LA GALERIE
Voici quelques voies et quelques liens vers les voies parcourues pendant ce séjour.
Le prochain trip à Wadi Rum aura lieu l'automne prochain. Vous trouverez les dates ici:
https://crescendo-escalade.com/voyage-sejour/jordanie-wadi-rum/
Vous souhaitez vous user les phallanges sur le grès de Rum à d'autres dates ? pas de soucis, contactez nous, et on vous organise du sur mesure.
Salim à Abou Maileh Tower.
https://www.camptocamp.org/routes/58074/fr/abuh-maileh-tower-salim
Salim Musa au Jebel um Ejil
https://www.camptocamp.org/routes/147966/fr/djebel-um-ejil-via-salim-musa- sommet-s
Traversée du jebel Rum par la talmudique https://www.camptocamp.org/routes/143787/fr/djebel-rum-western-safari-ou- voie-thamudique-ou-nabateenne-
Traversée du jebel Rum par la Bedouin route’s Cheick Hamdan
https://www.camptocamp.org/routes/57069/fr/djebel-rum-sheikh-hamdan-s-route
Descente par Hammad’s
https://www.camptocamp.org/routes/54033/fr/djebel-rum-hammad-s-route
Rum doodle au Jebel Rum
https://www.camptocamp.org/routes/197409/fr/djebel-rum-rum-doodle
L’apéritif et Essence of Rum à Rakaba canyon
https://www.camptocamp.org/routes/197409/fr/djebel-rum-rum-doodle https://www.camptocamp.org/routes/54034/fr/djebel-um-ishrin-essence-of-rum
Purple haze à Kazalhi https://www.camptocamp.org/outings/1485599/fr/djebel-khazali-purple-haze
Black magic à Black tower https://www.camptocamp.org/routes/53972/fr/the-dark-tower-black-magic
Raziah à Kazalhi http://www.christian-ravier.com/wa_files/jordanie%20razzia.jpg
Wonderland à Vulcano Tower https://www.remythivel.com/wa_files/vulcanic.%20wonderland%201.pdf
YUKON
Il neigeait encore au petit matin, mais je n’étais pas pressé. Pas plus que les autres jours. J’allais passer quelques semaines dans cette cabane, seul, à me fondre dans le décor et tenter de retrouver ma place au milieu d’une nature fondatrice. Pas de téléphone, pas de Mac, des bouquins bien choisis, des vivres pour pallier au maigres trappes, une hache solide, et une paire de DPS.
La lueur qui transperçait la fenêtre de la fuste laissait penser que la fin de la perturbation était toute proche. D’ici peu le soleil inonderait la vue d’une lumière éclatante, mais pas d’être suffisamment chaud pour déjà transformer l’épais manteau de poudreuse. J'vais le temps d'en profiter, no stress.
Après quelques coups de hache bien sentis, je bourrais deux grosses bûches sur les braises rougeoyantes qui avaient survécues à la nuit glaciale. Je refermais le couvercle et y installais la vieille Polletti. Quelques instants plus tard, un café brulant emplissait sa partie supérieur. J’ouvris l’épaisse porte en planche et me calais contre le chambranle, mon mug exhalant des volutes d’Illy dans l’air froid du Yukon.
Les nuages étaient devenus si fins qu’une lumière aveuglante embrasait l’atmosphère. Soudain le bleu et le blanc se séparaient et prenaient place dans le décor qui s’ouvrait devant mes yeux. Les forêts aux arbres éparses, taillées pour le ski, s’embrasaient et s’élevaient jusqu’à ce que l’altitude ne les contraigne à céder leur place aux rodhos ensevelis sous la neige. Jusqu’aux sommets ourlés de corniches toutes fraîches, et qui fumaient encore légèrement, la neige avait entièrement recouvert l’espace qui m’entourait.
Je finis mon café et jetais le fond de marc au bas des quelques marches grossièrement taillées. J’attrapais mes peaux qui séchaient depuis la veille. Il s’agissait de les coller au mieux sur des semelles chaudes sous peine de straper toute la montée. Je frottais tant et plus sur les talons des mohairs jusqu’à ce qu’elles adhérent aux skis. Je remplis mon sac de quelques fruits secs, d’un paquet de tabac et quelques feuilles entravés par un élastique. Un thermos de thé fumant complétait l'essentiel de ce que je callais au fond du sac pour tenir une journée dehors. Mes chaussons intuitions attendaient gentiement que les glissent au fond de mes coques. Je n'avais plus qu'à y caler mes panards, tirer sur les chaussettes pour qu'il n'ya ai pas de plis. Prêt. Je fermais la cabane en prenant soin de ne pas coincer de neige dans le pas-de-porte, sous peine de voir les efforts du poêle s’envoler dans le froid Canadien et de me coler une putain de séance de pelletage à mon retour.
Les spatules des 112 RP fendaient la surface avec facilité. La neige était légère, presque impalpable. Il était tombé 60 dans la nuit, et il neigeait encore au petit matin, mais l’air venu du nord séchait tant les cristaux, que tracer était un jeu d’enfant. La pente était parfaite et ma trace épousait au mieux le relief. Comme un trappeur sur une piste, je lisais la pente pour l’appréhender de la plus belle manière qui soit, la plus respectueuse possible. De clairière en talwegs, je m’élevais jusqu’à la sortie de la forêt. La pente qui s’enfuyait au dessus des arbres était une invitation à la suivre. Partout autour de moi, aussi loin que portait mon regard, tout n’était que pentes, couloirs et clairières. Un hymne aux 110 au patin.
Quelques noix, une tasse de thé chaud au gingembre, et je calais de nouveau mon sac sur mes épaules, décidé à rejoindre l’arête qui menait au sommet le plus proche.
Je n’avais aucune idée de son nom, ni même de son altitude et je m’en foutais royalement. J’étais là, à ma place, c’était l’essentiel. J’avançais vers mon but sans réfléchir, comme si mes skis savaient où passer. J’étais libre et souhaitais que l’énergie des lieux me transperce et s’incruste dans mon ADN. Je ne voulais pas être une pièce du décors, mais une partie indissociable, un fragment d’atmosphère. Comme si les montagnes ne pouvaient pas être sans moi.
Arrivé au sommet je pris garde de ne pas trop avancer sur la corniche. Elle m’empêchait de voir la pente qui filait en dessous, et je me contentais de la vue de ce côté-ci. Je déchaussais mes skis et les posais fixations dans la neige, pour ne pasqu'ils se barrent dans la pente sans moi. J’enfilais ma doudoune et une paire de gros gants , exhumais les fruits secs et le thermos du fond de mon sac, accompagné de mon paquet de tabac. Je pus alors m’asseoir sur mon sac. Les montagnes alentours rayonnaient d’une lumière sèche.
Depuis l’endroit où je me trouvais, si ce n’était la fumée qui trahissait sa présence, il était impossible de deviner la cabane. La neige recouvrait le toit d’une épaisseur joufflue, et le vent avait déjà fait disparaitre ma trace. Calée dans l’adret, elle prenait le soleil au milieu d’une vaste clairière bordée de résineux pétrifiés par la neige. Tels des pénitents emmitouflés dans leur cape, ils se dressaient en sentinelles bienveillantes. Même en plein soleil, le peu de chaleur de cette fin janvier ne suffisait pas à battre la goutte froide venue du Grand Nord. Je tirais sur ma clope. Le tabac était sec, malgré le morceau de carotte que j’avais pris soin de glisser dans le paquet afin de l’humidifier. La bouffée me fit tourner la tête. Pas trop, juste ce qu’il fallait.
Partout au loin s’étendaient d’immenses forêts d’où sortait une multitude de sommets. J’imaginais une trace de montée ici, une descente là. Je voyais les pièges à éviter, les forêts trop serrées, les plaques sournoises. Je devinais les efforts pour tracer ou la sensation de la neige qui passe par dessus les épaules à la descente. Si je n’avais personne dans l’instant pour partager, à mon retour de mes semaines d’hermitage, je me ferais fort de trouver les mots pour faire vivre le froid, l’excitation, la subtilité de la trace et le plaisir du virage.
En bas, l’ombre avançait déjà sur la clairière. Je voulais rentrer avant qu’elle ne submerge ma cabane, que je puisse profiter et couper quelques bûches au soleil. Je tirais ma dernière latte et balançais le mégot dans la poche extérieur de mon sac qui puait le tabac froid.
Je troquais mes Julbo contre mon masque, histoire de me protéger du froid et des branches qui auraient tôt fait de me gifler, jalouses d’être immobiles. Je pris un soin particulier à ajuster mes Salomon, à trouver la bonne sensation, et ne pas être obliger de m’arrêter en pleine descente pour les régler à nouveau. Je défis mes peaux en prenant soin de ne ne pas mettre de neige dessus et les rangeais au fond du sac. En les enlevant, je vis qu’une fine couche de glace s’était installée entre elles et les carres, les recouvrant parfois entièrement. À l’aide d’un racloir je les nettoyaient jusqu’à ce qu’ils soient libre de tout relief, prêtes pour glisser.
Après avoir sortie la poignée de l’ABS, je l’effleurais machinalement pour vérifier son bon emplacement, juste sous mon épaule gauche. Un dernier check matos: poche fermées, chaussures en position descente, sac bien proche du dos, fixations serrées. Alors, je pris le temps de me poser et de lever la tête. J’imprimais encore le décor dans ma mémoire, tentant de me rappeler les lignes alentours pour les jours et les semaines à venir. Finalement, je décidais d’en imprimer qu’une seule, celle du lendemain. À chaque jour suffit sa peine. Je basculais alors dans la pente.
Apres quelques courbes, je jetais un rapide coup d’oeil dans mon dos, histoire de voir si la pente avait eut la mauvaise idée de descendre avec moi. Comme elle restait alanguie au soleil, je me détournais pour me concentrer uniquement sur le choix de la meilleure ligne. J’avais appris durant toute ces années à me poser dans mes chaussures le plus rapidement possible pour profiter au mieux de ma descente, unique et précieuse. Tout allait bien, j’étais lancé vers le bas au rythme des virages imposés par le relief.
Une fois les grandes pentes sommitales avalées, je changeais de tempo et raccourcissais mes courbes. Les combes ouvertes et les dolines laissaient place aux trouées entre les pins. Le rythme ralentissait mais les virages étaient plus joueurs, plus toniques. Je m’appliquais à respirer profondément après chaque appuis, et j’aspirais à chaque fois que je me dressais pour faire pivoter mes skis là où mon regard me portait. La neige s’écoulait par dessus mes épaules à chaque virage tant elle était profonde et légère, comme dans un rêve. Les virages s’enchainaient avec une telle facilité que tout devenait possible. Chaque changement de direction était une formalité, si bien que la ligne était régie par la moindre envie d’aller tracer à droite ou à gauche, comme un chien fou ne sachant plus où donner de la tête. Les arbres disparaissaient dans un coin de mon masque aussi vite que les suivants jalonnaient ma descente.
En été, un vaste chaos de blocs, vestige de l’effondrement du sommet voisin, s’étendait sur presque 300 de dénivelé, juste au dessus de la cabane. Au coeur de l’hiver, les blocs étaient recouvert d’une épaisse couche de neige qui faisait ressembler les rochers à d’immenses champignons agglutinés les uns contre les autres. Je bifurquais dans leur direction et je commençais à jouer avec le relief, à me laisser tomber de pillow en pillow. J’avisais alors un champignon parfait sur lequel m’appuyer, quand une souche moins recouverte que les autres attrapa ma spatule et me fit croiser les skis. Trop tard pour faire quoique ce soit. Mes bras et mes épaules prirent le dessus et dépassèrent aussitôt mes skis qui avaient subitement décider de ralentir. Au lieu de résister et risquer la blessure, je me laissais aller et je m’enfonçais la neige tête la première jusqu’au ventre. Mes skis et mes jambes soudains libérés de mon poids décidèrent alors de repasser devant dans un roulé boulé, qui finit par me sortir et m’asseoir dans la neige profonde. Je restais là un moment, hébété le visage brûlant d’une neige glaciale, le masque plein et désormais inutile, les bâtons en vrac.
Je n’avais rien et mes skis étaient encore là. Je me marrais alors devant la boîte que je venais de prendre. Qui ne tombe pas ne progresse pas !
Je récupérais mon attirail, fourguais mon masque au fond du sac, et je m’en allais finir ma descente quand j’entendis les hurlements des chiens, sans pour autant les voir. C’était surement Mike, un trappeur de White Horse, qui ne manquait pas de s’arrêter à chaque fois qu’il furetait dans les parages à la recherche de ses pièges. Je m’élançais rapidement dans les pillows pour arriver à la cabane avant lui. J’étais heureux à l’idée de le voir, de siffler un verre et refaire le monde au coin du feu. Mike le savait et, si il respectait mon besoin de solitude en laissant parfois une bouteille de bière ou un peu de tabac sur les marches pendant mon absence, il aimait lui aussi profiter de la chaleur de la cabane.
Je posais juste mes skis contre le mur en rondins quand la meute apparue, tirée par un chien de tête imposant. Mike brailla un ordre et l’attelage s’immobilisa aussitôt devant l’entrée de la fuste. Le sourire du musheur éclatait derrière sa barbe et ses moustaches entièrement givrés, heureux à l’idée d’un bon ragoût entre potes après une journée dans le grand froid du Yukon. Il sauta du traîneau et après une accolade, leva les yeux sur ma trace et la ligne que je venais de signer.
- Tu t’es goinfré mon salaud ! s’exclama t-il.
- C’était une journée à ne pas louper! répondis-je en me retournant sur ma trace.
Après quelques mots échangés pour partager nos sensations, je l’aidais à défaire son attelage piaillant et à donner à chaque chiens pitance, avant qu’ils ne se bouffent entre eux.
Déjà le soleil disparaissait derrière les plus hauts sommets, et la lumière déclinait. Avant de rentrer, j’attrapais quelques bûches et montais à la volée quelques marches. J’ouvris la porte de la cabane et constatais que le feu avait tenu bon. J’arrivais à temps pour lui donner de quoi ronronner toute la soirée sans pour autant le rallumer. Je laissais Mike prendre soin de ses chiens, vérifier les coussinets, et avoir une attention pour chacun. Si mes peaux m’étaient précieuses et permettaient de me déplacer, elles paraissaient bien ridicules au regard de l’attelage du Canadien.
Bientôt, il décida qu’il en avait assez fait, qu’il pouvait laisser ses ouailles et venir se réfugier au coin du feu. Il arriva en trombe dans la cabane, brandissant deux grandes bouteilles de Budweiser qui, dans ces circonstances, prenaient des allures de grand crus. Il se débarrassa de sa veste sans oublier d’en sortir un petit paquet de locale et quelques feuilles, qu’il gardait pour les bonnes occasions. En échangeant quelques mot tandis que je remuais le ragoût qui mijotait déjà sur le feu, il roula prestement un premier pétard.
Je le rejoignis et fit claquer les capsules des Bud à l’aide de la lame de mon couteau. Dehors, il faisait déjà un bon -15, et ce n’était que le début de la nuit. Il me tendit le stick après l’avoir délester d’une grosse rasade, les Bud s’entrechoquèrent, nous pouvions refaire le monde.
Renat Décembre 2021
Mes nuits sont plus belles que vos jours
Ce sont les mots de Racine à Mlle de Vitard. ( j'ai écrit ça pour la frime, je ne sais même pas qui est Racine . Quand à mlle Vitard, je n'ai pas trouvé son profil insta...)
C'est aussi ce qu'ont pensé mes deux poulets perchés 500 mètres au dessus du ruban turquoise qui s'écoule au pied de l'Escalès.
"J"aimerai offrir une nuit insolite à mon chéri !". "Heu oui, j'en suis ravie, mais ça me gêne un peu, on se connait à peine, voir pas du tout. Et je suis marié...". Une fois le quiproquo dissipé, rendez-vous était pris pour cette nuit sur Portaledge.
Direction la Palud sur Verdon. La Palud, c'est un peu le village d'Asterix avec un accent plus chantant et des odeurs de thym. Moins de morue, sauf le vendredi soir au bar de l'UCPA. Par contre, côté carafond, c'est pareil. Moins de pêcheurs, plus de grimpeurs, autant d'alcooliques et plus de fumeurs de locale. Un havre de paix pour les fondus de la verticale et autres obsédés du gaz. Une mecque, avec un côté laïque débridé proéminent, histoire de ne pas s'encombrer du superflu.
Raph et Céline se pointent en direct live de Besançon. Je vous laisse apprécier l'effort. Du coup j'espère que miss météo ne s'est pas plantée, ça serait ballot de finir la nuit dans la kangoo, même si on resterait alors dans le thème "nuit insolite".
On siffle une mousse, et on taille sur la route des crêtes, en prenant bien soin de s'arrêter à chaque belvédère, pour respirer l'ambiance et s'imprégner du gaz. Le Verdon, c'est le gaz. Le gaz, c'est le vide. Et le vide, c'est celui de ta vie quand tu descends en rappel, suspendu à deux ficélous de 7 mm, 300 mètres au dessus du premier bout de gazon accueillant. Ça se creuse sous ta corde au petit matin, et tu sert bien tes sphincters histoire de ne pas répendre tes émotions.
Mais on se fait à tout, et après quelques longueurs sur ce cailloux magique, on s'embourgeoise, on "snobe" le gaz. Ça devient même un bon prétexte, un plaisir, un petit piment dans ta sauce au yaourt.
Mes tourtereaux en voulaient pour leur pognon, alors j'ai installé les cordes 30 mètres sous la sortie des Rideaux de Gwendal, et donc 250 au dessus du départ de cette même voie. En générale, quand tu t'approches du bord, ça fait guiliguili dans le ventre. Gaffe à la marche, t'as pas pied Maurice.
Ça n' a pas loupé, en s'approchant Céline est tombée dans les pommes. Raph est resté digne. Bon, il a vomi, mais discrètement. Au début je pensais que c'était la terrine au Genepi des Hautes Alpes qu'on avait sifflée, mais j'ai vite compris que c'était plutôt la trouille.
On a préparé les cordes pendant que Céline continuait son coma. Glasgow 4, presque en fin de vie. Raph a proposé de lui mettre son baudrier et de la mouliner en "loosdé"pendant qu'elle était dans les vappes. J'ai trouvé ça peu gentleman et je lui ai proposé de la réveiller. Gentleman lui aussi, il a commencer à lui mettre de grande tartes dans la gueule pour la remettre sur pied. Je me demande si il n'y prenait pas un malin plaisir, mais bon...
15 mn et deux molaires plus tard, tout le monde est près pour se jeter par dessus bord. On se laisse glisser sur nos cordes tel le GIGN à l'assaut de la tour de la Défense, pour se poser en douceur dans le "double cabana ledge" de Blabck D. Une rolls de lit suspendu. Un nid douillet pour poulets égarés au pays des vautours. Un havre de douceur calé au dessus d'un monde secret.
J'attache et contre assure tout se petit monde, je donne les dernières consigne, et je remonte de nuit le long des prises de cette belle longueur qui me met des fourmis dans les articulations. Un petit essai radio, et je disparais enfin de leur champ de vision.
Les vautours jettent un oeil négligent à ce nid bien trop lisse, avant d'aller tourner leur dernier thermiques pour rejoindre leurs ouailles braillantes et affamées. Ils ont la grande classe. Imperturbables, sur-adaptés, les maîtres du lieux.
Enfin seuls !
Une nuit au dessus de rien, retenu par des molécules de nylon et quelques grammes d'aluminium, emmitouflé dans un sac de couchage douillet. Un nid ! Comme les vrais, la fiante en moins.
Se déconnecter d'une réalité chiante à en crever. Laisser son portable loin d'ici pour vivre le moment présent et embrasser la vie sous un autre angle, ne serai-ce que quelques heures. Ici, tout a une autre dimension, une autre saveur. Un espace de vie de 130 sur 210 cm. Un duvet, une bouteille d'eau, un amour juste à côté pour se plonger dans le ciel des Alpes de Haute Provence et en faire pleinement partie. Silence. Juste le son etouffé du Verdon presque 600 m plus bas, qui courre inlassablement dans la pente.
Que j'aime ces nuits dégagées, sans rien au dessus de nous. Pas de tente, pas de vitre, pas de bagnole. Seulement du gaz. Dessus, dessous, partout du gaz. Ça m'émeut, ça me remplie de joie, ça m'apaise. On ne dort jamais assez dehors.
Je jalouse un peut mes deux poulets, en bas là bas. Mais je suis installé dans un mini champ de thym au sommet de l'Escalès, juste assez grand pour y jeter mon matelas. Enivré par les herbes que je mal traite, je lis 2 pages d'un Tesson lu et relu, lui aussi mal traité. Mais je n'y suis pas et je le range bien vite pour jeter mon regard dans la galaxie et profiter du spectacle. Je me laisse envahir par le décors et m'effondre dans l'air sec du Verdon, sans même penser à Pesquet qui doit me passer au dessus du nez.
Je suis certain qu'ici, même nos rêves sont différents. Plus beaux, plus légers, plus mystérieux. Et au petit matin, c'est presque un peu gêné que je jette un oeil discret par dessus la balustrade, voir si mes ouailles sont sortis de leur voyage étoilé pour accueillir les premiers rayons du soleil.
Je les rejoins avec le café, histoire de partager ce moment un peu magique, et pourtant tellement familier.
Pas envie de remonter, juste profiter, encore un peu....
Céline et Raph, merci pour ce beau moment sous le ciel Provençale ! À bientôt.
Pour les photos, c'est par là
UBAYE LA SAUVAGE
Rendez vous à 10 h, le genre d’horaire à faire chialer un cafiste. Normalement à cette heure là, il est déjà en train de faire son compte rendu sur skitour. Mais c’est l’horaire qui va bien à mes ouailles. Faute de bar ouvert, j’ai apporté des croissants, des bugnes bien grasses et un thermos de café. Posés sur le parking de Larche, à deux pas du col éponyme, on se retrouve pour 3 jours de bartasse plein sud.
Après le kawa, on essuie le gras des beignets sur nos gore tex, et on saute dans nos pompes pour aller se perdre au coeur des montagnes Ubayennes. Bon, avant de partir, je prends quand même deux secondes pour retailler les peaux de Guigui. Il vient de le faire sur le parking, avec une machette ou un râteau, je ne sais pas, mais je comprend mieux la coupe de cheveux de ses gosses.
En ce moment Larche ressemble à un bled Russe. Des chiens errants, du consanguin derrière ses rideaux et des camions qui s’engouffrent sur l’Italie. Sexy comme une fin de criée à Lorient. De notre côté, on remet un peu de couleur dans cette terre tristoune, une pub Benetton ce groupe . Mais on se casse vite avant qu’on nous jette des pierres.
Juste au dessus de nous, ça sent l’aventure et la trace de loup, rien de tel pour me mettre la banane. Tout le monde est content d’être là, bavasse avec le voisin, sourire aux lèvres et envie dans les cuisses. Moi je suis heureux de retrouver mes habitués. Et Guigui. Ça faisait longtemps. La dernière fois, je l’avais débarqué sur un quai désert au find fond du Finnmark, entre une algue et un crabe crevé. Obligé de nous quitter avant la fin du séjour pour une histoire de boulot qu’il disait. En fait il avait rendez vous chez son gyneco. Mais ce matin il est là, et ça me fait très plaisir de partager la neige du sud avec lui. Avec les autres aussi, pour sur, mais eux je les vois plus souvent !
Bon, je ne peux pas dire que les 300 premiers mètres de neige font dans le Japon côté qualité. On est plus dans la polenta que dans le sushi. Mais au dessus par contre, on fait dans le pas mal, voir dans le tout bon. Du genre poudre sur fond dur et mélèzes plantés juste comme il faut. Ça sent bon le virolet joyeux. Plus on monte, meilleur c’est, un avant gout de nos trois jours d’exploration, mais on ne le sait pas encore.
L’Ubaye c’est 7000 habitants pour 1000 Km2, pas vraiment le RER B à 18 h côté populace. Et le reste de l’année il doit y avoir 100 moutons par habitants. On comprend mieux les goitres du col de Larche. On s’attend presque à entendre bêler les vieux du coin… Alors avec ça, pas compliqué d’être seul et de faire sa trace !
Si les conditions sociales sont difficiles à gérer par les temps qui courent, la nivologie ne fait pas non plus dans les gros rires. Le guidos n’est pas à la fête pour concilier bon ski, sécu et originalité. Alors à force de jouer à tetris avec le planning, à gérer les « je viens, j’viens plus, j’ai chiqong », à décortiquer les bulletins météo et angoisser sur data avalanche, je me suis dis qu’il fallait suivre son pif. Et là d’aucun diront que je suis bien loti, mais je ne leur permet pas, et c’est moche de se moquer du physique. Et faites gaffe, j’ai les noms !
Et mon blaze a vu juste. Je vais même lui arranger le bronzage pendant que les Savoies pleurent leur poudre disparue sous des trombes d’eau. Heureux quoi.
Et pour des joueurs de poker, on a une bonne main. On va miser tout du long, jusqu’à faire tapis pour la troisième journée, et rafler la mise. Que du bon, dément.
Et puis l’Ubaye, c’est exotique, y a pas à tortiller de la spatule. C’est grand, c’est raide, c’est varié. Et c’est beau ! Putain que c’est beau. Je le savais, mais là je le vois sur la rétine des amis qui partagent la trace et qui se jettent dans les pentes qui leur sont réservées. Le privilège de la montagne hivernale, une saveur d’exploration à la montée, le goût de la première à chaque descente. L’équipe est partante pour la découverte, alors on va quadriller le territoire à la recherche de la poudre sans trace, du décors inconnu, du sommet qui attire. Mission remplie, cuisse rassasiées.
Les journées se terminent comme le séjour à commencé, sur un parking plein sud, au bord d’une fontaine en marbre rose, une bière bien fraiche à la main. À peine rentré dans les baskets que la journée se revit et que les images de l’hermine qui passe, le chamois qui se casse ou de l’entrée dans le couloir, le tout entre une goulée de binouse et une poignée de chips.
On se promet de revenir et d’aller voir la pente aperçue au loin, le sommet qui dépasse tout là bas, comme une idée d’un autre projet, d’une traversée au long court ou d’une pente aguicheuse… La prochaine fois, c’est sur, la prochaine fois…
Un grand merci à Patrick Bovey, Patricia Luthy, Laurent Laborie, Bertrand Verlach et Guillaume Sallaberry.
Pope and Co, Escalade dans les Météores - Sept 2020
Retrouvez les photos et les voies parcourues durant ce roc trip en cliquant ici
Si celles du curé de Camaret pendouillent un poil, celles des popes du coin sont bien accrochées, et je parle de leur soutanes bien entendu. Il faut dire qu'il ne fait pas bon s'emmêler la spartiate dans l'ourlet à l'heure d'aller sonner les vêpres, sous peine de finir plat comme une peau d'ours au pied d'une tour.
Bluffant, ahurissant, surprenant, envoutant...
Construire de tels monastères au sommet d' improbables bitards de poudingue inspire un sentiment encore plus fort que le respect, quelques chose de mystique. La foi soulève des montagnes paraît-il, et il en faut un paquet pour qu'un maître d'oeuvre ait envie de jouer de la truelle par là haut. "Bon les gars, on va faire deux trois murs, un petit complexe patio-spa-église-dance floor, un truc sympa et discret. On pourra mettre le volume à bloc sans que personne vienne nous titiller le chapelet. J'le sent bien !". "T'es sur Dimitrios, parce que là j'me dis que bon, si la vue est sympa, ça manque un peu de place pour se garer, et ça va être coton pour se brancher sur le secteur, non ? et puis t'a pas peur que y en ai un qui cubèle par dessus la balustrade les jours de beuveries ?".
Le moine Grec construit aérien, si , on ne peut pas lui enlever ça. Et puis attention, c'est droit et il n'y a rien qui dépasse, du beau boulot. Autant il est sappé comme un plouc, autant il est de bon goût côté enduit.
Rêver sur les clichés trouvés sur net donne envie d'aller te faire tester à laéroport. Et vivre ça en live à chaque relais te fait vite oublier la fouille nasale.
Grimper dans les Météores est dans la "to do list" de la plupart des grimpeurs, du moins de ceux qui passent plus de temps à user leur peau dans de mauvais dièdres que sur du plastiques sous néon . Et il est important d'avoir passé du temps à écumer des voies faciles et engagées avant de vouloir trainer sur les patates du bled, sinon c'est un coup à rejoindre le pope au pied de la tour. Quand tu cherches le premier point à la jumelle, tu ne grimpe pas serein mais au moins tu grimpes léger. 3 à 5 points par longueurs de 40 m n'encombrent pas le baudrier. Et côté tirage t'es peinard.
Certes ça engage, mais c'est plutôt malin. Après quelques longueurs tu te surprends même à ne pas mousquetonner le spit tout neuf ajouté il y a peu, on se dit même que s'est dommage de trouver ça là.
Les voies ont du caractère, celui d'une époque où planter une protection se faisait à la barre à mine en équilibre sur deux galets. Dans ces moment là, tu deviens économe, forcément. Et puis il faut dire que dès que ça se redresse, l'espacement entre les points diminue et les friends trouvent leur place au fond des dièdres. Une ambiance terrain d'aventure, un petit avant goût de la Jordanie, entre les dômes, l'odeur de la mélisse que l'on écrase au détour d'une marche bédouine, à l'interieur d'un des innombrables corridor qui se faufilent au pied des tours. On est au porte du moyen Orient, on flirte avec le changement de civilisation, et ça se ressent.
Après 3 jours de grimpe bon teint, mes deux larons sont guronzés pour visiter l'incroyable pilier de Traumpfeiler, 9 longueurs qui se découpent dans le ciel, une rampe de lancement pour une vue et une escalade incroyable. Le lieu a été immortalisé par Bérault et Cordier, évoluant dans la charpente d'une prison construite par les moines à 50 m du sol, au beau milieu de grottes surpombantes, dans un film des années 80, esthétisant "à muerté". Un endroit irréel, une construction ahurissante, inquiétante, et deux grimpeurs entre la danse et l'escalade, bien plus à l'aise sur leurs appuis que devant la caméra.
Mes deux Patoches font bonne figures devant l'objectif et dansent eux aussi sur les galets qui se redressent, voir qui poussent un petit peu dans le dos. Bon, quand je dis qu'ils dansent, on n'est pas non plus à l'opéra de Paris, on se rapproche plus du bal des pompiers, mais l'idée est là, et on se régale dans cette ligne de patates mémorable.
Tout les jours, l'arrivée au sommet nous régale. On ne se lasse pas de découvrir un nouveau point de vue sur ces forteresses suspendues, et on bade sur les dômes, jamais bien pressé de partir, jusqu'à ce que l'image d'une bonne grosse glace 3 boules se dessine sur nos rétines et nous pousse vers la civilisation.
J'ai adoré les descentes ! Entre mini voie bedouine, rappel plein gaz dans des lignes que tu veux immédiatement remonter, parcours en baskets au milieu des figuiers et des mûres, troglodytes encombrées de figurines pieuses et de coulures de bougies dévotes. C'est magnifique et à chaque fois un voyage différent.
On se finit sur Egg Dance. Un pas gonflé entre deux tours vraiment trop écartées l'une de l'autre, une autre longueur en mode solo parce que je ne sais pas lire mon topo, et nous voilà pile poil à l'heure où le décors se fond dans le rouge. Génial ! Les frontales vissées sur les casques, on attend que le soleil se casse et on glisse le long de deux magnifiques rappels plein gaz , qui nous déposent au sol aussi doucement que la lumière s'en est allée.
Fin de mission.
J'aime la Grèce, vraiment. Facile, paisible et envoutante, le régal du grimpeur voyageur. Pas envie de partir, et j'ai déjà les plans pour l'année prochaine.
Merci à Patrick et Patricia, toujours là dans les bons plans, toujours content de trainer dans une fissure, ou de m'attendre pendant que je cherche une hypothétique descente ! Merci pour ces moments où la vie a une tout autre saveur.
Et si l'envie vous dit de trainer sur les galets des Météores, contactez moi !
À tout bientôt sur la corde !
Un chouette coup de main d'ALGORIGIN
- 4° ce matin. Ça pique un petit peu pour une mi Octobre dans cette partie des Alpes. Je veux dire celle où il fait beau et sec, pas celle où le lichen pousse sous tes aisselles.
Un petit feu, un bon café, et un tour à la boite aux lettres pour y trouver le petit cadeau de la journée, celui qui va m'accompagner pendant quelques semaines.
Je passe sur le billard dans quelques jours. Rien de bien méchant, un bout de ménisque récalcitrant, du cartilage qui accuse le coup après ces dizaines de milliers de mètres de dénivelés, la vieillerie quoi. Bon, tant qu'à y être, je me fait aussi retendre les fesses et botoxer les pecs, mais chut !
Comme je ne suis plus tout jeune, même si ce physique impeccable tend à faire croire le contraire, je ne suis pas contre un bon coup de main pour récupérer et être sur les skis le plus rapidement possible. Algorigin me propose une cure d'Afa Klamath et d'Elixire de Spiruline. Les hauts Savoyards me conseilleront certainement de balancer ça au compost et de faire une cure de fondue, voir des emplâtres au rebloch', mais c'est parce qu'ils se sont habitués au pied bot. Je vais quand même suivre les conseils de
Renaud LANGEL et de l'équipe d'ALGORIGIN.
L’AFA KLAMATH est une algue particulièrement dense en nutriments, vitamines et minéraux. Elle permet d’augmenter la capacité de réparation de l’organisme et à un effet bénéfique sur l’humeur, et là c'est ma femme qui se réjouit. Elle contribue à la réparation cellulaire et à la libération de neurotransmetteurs. Et surtout elle favorise la production de cellules souches pour une cicatrisation rapide et efficace.
L'ELIXIR DE SPIRULINE Extrait concentré de phycocyanine, le pigment bleu de la spiruline. Une excellente boisson de récupération.
Il aide au fonctionnement normal du système immunitaire
( modulation en cas de virus ou d’allergies )
Et aide à la préparation et à la récupération du sportif ( pour en savoir plus, voir le Programme Sport ci dessous ).
Pour toutes les infos sur les algues et leur bienfaits, faites un tour sur le site d'ALGORIGIN
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et propose des tarifs préférentiels aux adhérents !
À tout bientôt sur les lattes !
Renat, tu crois qu'il va pleuvoir ?...
Un beau week end en Ubaye: Sud-Sud Est à la Pierre André 200 m TD- , et traversée des Gélinasses D-
- Mais nooooon ! Mon expérience et mon instinct de graaaaaaand guide me disent que nous sommes peinards jusqu'à demain matin.
Quand le première éclair est venu jouer du stromboscope avec nos rétines quelques minutes plus tard, et qu'on a bourré toutes nos affaires de bivouac dans nos sacs, en mode ex-filtration de la zone de combat, ma réputation en avait pris un coup. Les quolibets n'ont pas tardé à suivre, mais ça c'était pour le rythme à 800 m heure que j'infligeais aux filles pour passer le col de l'aiguille Large et éviter de se faire griller. Enfin je dis ça, je n'entendais pas leur insultes, elles étaient bien trop asphyxiées pour la ramener de toutes façon ! Je me suis quand même tenu à distance des jets de pierre, en mode survie jusqu'au bout quoi...
Passé le col, une quantité non négligeable de loupiotes en tout genres migrait tout aussi surement que nous en direction de l'abri le plus proche, ou le moins loin dans notre cas, le bivouac Marinet. Un joli tas de pierre étanche, mais bien trop petit pour accueillir ce troupeau de migrants. C'était beau, on aurait dit une descente au flambeau de l'école de ski de Risoul, en plus raide. Risoul c'est trop plat, ils sont obligés de faire leurs descentes aux flambeaux depuis les télésièges pour qu'on les voient dans une pente. Bon bref...
On a bien galopé, sous l'oeil rieur de quelques bourricots restés au col, pas affolés pour un sou par les coups de boutoirs des rafales colériques et des éclairs qui jouaient aux fléchettes à deux pas de leur sabots.
Si la descente était plus cool côté cardio, on a qd même taillé la route sans se retourner, c'était grosse baston derrière nous, pas beau à voir.
Une bande de joyeux randonneurs nous attendait à la porte du cabouin. On avait échappé à la pluie, personne ne s'était fait griller les miches, on avait le tee shirt sec et l'âme rieuse, mais eux avaient eu peur pour nous. Quelle belle attention !
C'est à eux qu'appartenaient ces jolies loupiotes sautillantes qu'on voyait de là haut. Eux ont eut si peur de l'orage, qu'ils ont abandonné tentes, matos et mouflets pour venir se planquer dans l'abri de fortune, avant de s'en faire déloger par un gros con qui se croyait au Carlton, bien étalé en étoile de mer sur le bas flanc. Ce genre de blaireaux con-sanguin qui se prend pour Messner par ce qu'il a un opinel et des Meindel, bien encarté au CAF et à la société de chasse de son bled. Son slogan: "mon père c'est mon oncle ". Un bon coup de pied au cul et une grosse gueulante son resté bien sagement rangé dans mon sac de frustration, mais c'était tout juste...La prochaine fois, c'est promis.
Alors avec les filles, ont s'est posé sur le gazon d'alpage, sous un ciel soudainement étoilé, on s'est enfilé dans nos duvet - chacun dans le sien bien sur - pour se laisser manger par le sommeil après cette course poursuite qui nous avait aussi surement entamée que notre sommet de la journée..
Au petit matin, le reflet du glacier fossile de Marinet a accueillit le ronron de notre réchaud et les étirements des belles en pleine offrande au dieu Ra. On a vu passer Messner au pas de course, le regard aussi fuyant que le grip de ses savates.
De notre côté, on a pris le temps de ranger nos affaires, de profiter du soleil sur nos carcasses, du café au bord de l'eau, de la vie quoi.
Il ne nous restait plus qu'à retraverser et rejoindre notre matos, pour encaper sur la traversé des Gélinasses, un oeil sur les nuages qui trainaient par là, mais mon instinct et mon expérience me disaient que tout irait bien....
Une fois de plus, Evelyne, Martine et Elise sont restées dignes dans leur jolis shorts. Merci les filles, toujours un plaisir de passer ces journées avec vous !
Et à tout bientôt par là !
Délit de Fuite - Pointe de Dran - Haute Savoie
TD , 6a, 350 m 11 longueurs, un must
J'ai bien essayé de les retenir mais l'envie était trop forte de jouer au lézard sur le calcaire haut savoyard, surtout après ces deux mois au placard. Toujours aussi classe, varié, long, avec une descente de toute beauté le long du canyon sommitale, un appel au bivouac. Une bien belle journée de varappe à mains nues.
Avec Max et Quentin
Escalade à Ailefroide et au Ponteil
Déjà au téléphone, Camille m'a semblée toute cool, et ça ne s'est pas démentit une fois au bout de la corde. 3 belles journées ensemble dans le vertical haut alpin. Une alternance de granite parfait et de calcaire au saveur marocaine.
27 Juin- Que la montagne est belle !
À vagabonder de spot en falaise, cette semaine d'escalade avec Patrick et Antoine ne m'a pas donné envie de rentrer à la maison. Non pas que je ne m'y sente pas bien, au contraire, mais c'est que le mois de Juin est certainement le plus beau de l'année pour y étirer nos errances. Écarter les fleurs pour trouver son chemin est un plaisir sans nom. Compter les nuances de vert du haut d'un relais est un luxe peu commun. Finir nos journées au bord du lac, binouse à la main est une base. Jouer à qui se couchera le plus tard avec le soleil est un petit jeu plaisant.
Les montres sont restées au gousset et c'est au rythme des piafs que nous nous sommes levés, jamais bien tôt. Puis nous avons fait le tour du proprio pour voir d'où la vue était la plus belle, en mode approche en tongue et relais confort.
Pas facile de choisir...
Un petit roc and road trip Hautes Alpes, de Villar d'Aréne sous le l'oeil de la Meije, au grandes voies de l'Ubaye, tellement exotique. Au milieu, on s'est calé dans les champs de fleurs de la Vallouise, sur le granit d'Ailefroide, et au pied de l'incroyable paroi des Militaires dans la vallée étroite.
Et comme d'hab, j'ai des photo des casques de mes gus, en traversée, sous le relais, de près, de loin, en contre plongé, de droite, de gauche... bref, une vrai pub pour Petzl faite à l'Iphone 5, une qualité irréprochable quoi.
Alors plutôt que de voir encore ces photos, j'avais comme une envie de vous plonger dans le décors du moment, plein de couleurs et de saveurs, d'envie de prendre son temps, de croiser les bras derrière la nuque et regarder filer les nuages, une herbe au coin de la bouche.
À tout bientôt sur la corde.
Renat
17 juin
RAIDE VIVANT - Paul Bonhomme
Editions Guerin
Il y a des bouquins que l'on attend.
Quand Paul m'a envoyé le sien, numéroté et dédicacé, j'ai attendu le bon moment et le bon état d'esprit avant de plonger dedans et d'y dévorer ce qu'il nous offre.
Je n'ai pas trouvé d'autres mots à partager que ce que je lui ai envoyé hier soir du fond de ma piaule.
"Salut l'ami.
Pour la seconde fois, je referme ton livre. Deux fois est un minimum.
Je l'ai lu d'abord comme on avale la première gorgée de bière à la sortie d'une voie du Verdon. La gorgée qui désaltère, celle qui pose et qui permet d' apprécier les saveurs des prochaines .
Et puis je savais que j'allais le relire quelques temps après, patiemment cette fois ci, avec de quoi prendre des notes.
À la lecture des extraits sur le net, je voulais savoir quoi tirer de tes écrits. À la vue de tes réalisations, je disais à qui voulait l'entendre qu'après la recherche, tu étais passé à un stade supérieur que cette confrontation avec la limite. Et c'est qui ressort de ces pages, bravo mec.
Un livre où la montagne n'est que le support de quelques chose de plus grand, loin d'un livre de montagne, mais ça tu le sais.
Je me suis régalé à prendre des notes de tes citations à droite à gauche, ces résumés cinglants que bien d'entre nous aimeraient faire jaillir sur le papier pour y coucher ses sentiments. C'est ce que j'aime aussi dans les écrits de Tesson parfois, la petite phrase qui va bien, l'aphorisme malin. Et forcément les tiens me parlent, doivent parler à plus d'un alpiniste, grimpeur, guide, ainsi que tout ceux qui vibrent un peu plus que les autres au touché d'un calcaire ou au creux d'une courbe.
J'ai passé de beaux moments à tenter de ressentir tes mots, ton état, à rechercher dans ma propre expérience ces instants là, à relire encore la phrase jusqu'à ce qu'elle distille son message et son émotion.
il faut aussi être courageux pour se mettre à poil et se livrer aux autres. Une grande qualité que j'aimerai bien voir plus souvent dans nos milieux, qui nous permettrait d'être à notre place en toute conscience et nous garderait en vie.
Un grand merci pour ce don !
Au plaisir d'en griller une au relais ou sur une terrasse.
la bise
Renat"
21-23 Mai
PLUS PRÈS DE TOI MON DIEU !
Déconfiner à Ceüse un week end de l'ascension, c'est rester dans le thème de Dieu, celui de varappe à mains nues pleines de cake. C'est aussi se rapprocher de ces innombrables disciples montés en pèlerinage, troquant leur croix en bois contre une belle tenue Prana et celle du rêve de faire des croix plus légères sur le nouveau topo.
Si il y avait un peu moins de monde comparé à la masse grouillante tournant autour du caillou de la Mecque, on était quand même loin de l'hermitage du fin fond du Népal, et c'est sur le cailloux qui ça grouillait, encore plus aux piedx des voies.
En général, ma conception du "beaucoup de monde" va
jusqu'à 8, voir 10 les jours où je n'ai pas mes règles, et de "putain fait chier, on se casse !" à 15, et ça quelques soit la météo, mon état d'esprit ou les résultats du cac 40. Là, on était dans l'exode de masse, les Aoûtiens sur la national 7, la migration des Zébus vers le point d'eau.
Vu l'état de mon marmot qui s'est coltiné la marche d'approche, sans oublier de nous péter les rouleaux, ( bravo mon TimTim, 600 m à 8 piges, sous le cagnard, avec des basket de lépreux, ce n'était pas gagné...) je vais quand même faire quelques longueurs avant de péter la gueule à un lyonnais qui l'ouvre trop. Et puis il y l'ami Laurent Girousse, l'équipeur-ouvreur du moment qui nous attend au pied des voies, alors il s'agit de faire bonne figure et de rendre hommage à son accueil et à son boulot.
Et on est à Ceüse merde ! C'est comme si les culs bénits de passage à lourdes n'allaient pas s'acheter leur fiole pour cause de foule à la caisse, il faut que je me ressaisisse !
Avant même de grimper, tu sais que c'est un endroit unique par la qualité du cailloux, la beauté des lignes, par les voies historiques qui la jalonnent, par l'espacement des spits. Quelle falaise bordel !
Comme à chaque fois, je me sens tout petit, intimidé, je sais qu'il va falloir refaire ses marques, rester humble et concentré.
Pas de croix aujourd'hui, pas de chantier, en garder sous le pied et juste aligner les "beaux mouvements sur fond bleu", et éviter les errances entres deux points.
Lolo nous drive dans les lignes à suivre, équipées par ses soins, toutes neuves, 40 m d'un cailloux parfait. Il vieillit le Lolo, alors les points se rapprochent et on n'est pas vexé !
Dément, rien à redire, de la balle, top qualité, on ne grimpe pas dans un talus de bord de route.
Dès que tu quittes le sol, la ligne sans un défaut t'aspire jusqu'au relais. Plus tu montes plus la qualité du cailloux monte avec toi, limite une demi molle quand tu arrives au relais, vite remise à sa place par la perspective de se transformer en steak tartare si tu te la colles sur la râpe à fromage XXL que tu viens de grimper. Rester concentré...
Vu de là haut, tout le monde se régale à déchiffrer les énigmes du calcaire, à profiter de la vue du Sirac au Ventoux, à laisser les contraintes tout en bas, à se gaver d'un oxygène et d'un espace qui' s'était réduit à peau de chagrin ces dernières semaines.
J'ai apprivoisé la foule, ou plutôt mon ressentiment envers elle. Il faut dire qu'elle s'est bien tenue aujourd'hui et que la fermeture des frontières nous à épargné les Espagnols "dreadeux" et leur clébards pouilleux pissant allègrement sur le matos au pieds des voies.
Mais à 19 h, j'ai mon stock de tolérance au plus bas, alors je laisse les potes et je redescends tout seul, sans oublier de me retourner sur ce lieu unique, rempli de rêves, de lignes magiques et d'une partie de l'histoire du petit monde de l'escalade. Comme d'hab, je me dis qu'il faut que je revienne, plus affuté, avec plus de temps...
Vivement le prochain confinement.
Un grand Bravo à Laurent Girousse, qui nous a accueillit dans sa turne au plus près de la falaise. C'est simple, c'est la dernière, un peu la "maison bleu au sommet de la colline", un rêve. Elle était pour lui celle-là, pour personne d'autre.
Si c'est son kiffe d'équiper des longueurs, c'est un cadeau pour nous tous qui venons y essuyer nos semelles.
Grand merci mon pote pour ce super job, pour ton énergie, pour le partage, c'est la classe ! Et c'était trop bon de siffler ces fonds de cave avec toi !
Alors pour éviter de "pouiller" de tout les ouvreurs en géneral, et par la même de gâcher vos cartouches d'encre à photocopier des plagiats, vous pouvez acheter le très beau topo de Ceuse en cliquant ici.
Et puis si le coeur vous en dis, je vous guiderai avec plaisir sur ce calcaire de dingue et dans ces lignes magiques.
À tout bientôt !
20 Mai
Tout beau tout chaud !
Coupons aux fantasmes avant que les esprits ne s'échauffent, ce n'est pas de mon corps huilé et sculpté dont il est fait allusion dans ce titre, bien qu'il conviendrait à merveille pour évoquer cet outil de travail et de plaisir, mais bien de mon nouveau site.
Les esprits chagrins à qui je viens de gâcher un début de soirée plein de promesses, pourraient me supplier alors d'y adjoindre nombre de photos avantageuses dans une rubrique "ET PLUS SI AFFINITÉ", histoire de pallier à la déception. Voir même de publier un calendrier en mode "dieux du stade", mais non. Je range ça dans la boîte à idées et promet d'y réfléchir, mais c'est un non négatif !
C'est du site dont il s'agit. Un site qui n'a pas finit sa croissance, un pré pubère qui va murir et se bonifier au fil des semaines, s'enrichir de vos retours et des photos de nos sorties, des sensations de la journée, de vos perfs, de nouvelles idées qui font envies...Un site pas finit quoi. Pourquoi sortir un site encore en construction me direz vous ? Et bien parce que tout n'est pas d'actualité, parce que je vais grimper entre deux rubriques, et aussi parce que vous présentez bien vos gamins à qui veut les voir alors que eux non plus ne sont pas finit.
L'idée de ces pages est de promouvoir seulement ce que j'aime, ce que j'ai envie de partager, ce qui me fait me lever le matin : le plaisir de l'équilibre sur du calcaire sculpté, et celui de dévaler une combe après un cuchon de poudre.
Et puis c'est tout, et c'est déjà pas mal.
Du coup, loin du bal les grandes marches dans la neige à courir après l'horaire, le Mont Blanc et sa cohorte d'agonisant, la Barre des Ecrins et ses séracs à la cons, et puis aussi tout ce qui me saoule. Je préfère bouffer des patates que le menu soupe-tomme-boeuf-bourguignon-coquillettes d'un refuge grouillant, et choisir où user le cartilage qui me reste.
PLAISIR !
C'est le maitre mot, l'idée étant de vivre de mon métier au plus près de mes aspirations et de mes compétences, d'aller au boulot avec la grosse banane, sans regarder ma montre.
Alors je vous laisse fouiller dans la rubrique GRANDES VOIES il y en a bien une qui conviendra à votre style.
Je vous laisse tourner votre map monde, il y a bien une DESTINATION OÙ ÇA GRIMPE, OÙ ÇA GLISSE, qui vous fait vibrer, et où je peux vous guider.
Je vous laisse flâner de temps à autre dans la GALERIE pour prendre le soleil et vous évader.
Je vous laisse trainer dans les news pour rigoler un peu et trouver les fautes. Facile pour vous qui êtes allés à l'école plus longtemps que moi et qui avez lu autre chose que Pif Gadget et Vertical.
Je vous laisse rêver à UNE NUIT EN PORTALEDGE sous le ciel des hautes alpes avec votre voisine.
Rien de majeur dans ce site, (enfin tant qu'il n'y a pas mon calendrier "dieu de la pente") c'est juste un outil pour jouer dans la montagne et se goinfrer du temps qui nous est impartit, pour promouvoir mon taf, pour vous guider où bon vous semble, pour vivre de beaux moments et voir la vie sous un autre angle
Alors si ça vous branche, parlez en à votre voisin le skieur, à votre voisine si elle est jolie et adore grimper en legging, à vos potes qui rêvent d'un beau raid à ski, à vos grands parents qui pourraient vous aider à financer votre voyage en Norvège, au club d'à côté qui aimerait former ses adhérents à ne pas se casser la gueule.
Bref, tel le messie, diffusez la bonne parole , vous aurez ma reconnaissance éternelle, et mon 06 pour les plus chanceux.
Paix et amour sur votre descendance, pour des siècles et des siècles.
A tout bientôt dans l'pentu !
15 Mai 2020
PARCE QUE ÇA ME TIENT À COEUR
Je viens de raccrocher le téléphone. La conversation d'avec Pierre me picote le sensible. J'ai besoin de contrebalancer mon post d'avant hier où je démonte les conditions de notre reprise du taf, non parce que j'ai des remords, mais juste pour un modeste "hommage" à ceux qui on rendu cette reprise possible.
Mes écrits sont partiaux et caricaturaux, c'est le but. Mais il ne faut pas s'y tromper, je sais le boulot abattu pour que nous ayons le droit de travailler à nouveau. Les guides, les moniteurs d'escalade, les BE canyons, les parapentistes, les gardiens de refuges etc, savent le boulot qui est fait par leur syndicats et leurs représentants, devant des autorités gouvernementales qui naviguent à vue, croulant sous des montagnes de dossiers un poil plus "importants" que la pratique du bloc avec ou sans crash pad. Alors ouais, ne pas pouvoir être au relais avec un client pour cause de promiscuité quand un parapentiste fait du bi-place, ça nous laisse sans voix, et c'est à montrer d'un doigt plein de magnésie. Mais c'est le jeu ma pauv' Lucette, et on le sait !
Quel Jeu ? Celui de la patte blanche, celui qui te permet de rentrer dans le poulailler, et ensuite de négocier la reddition des poulettes. On y est maintenant, avec 1 mois d'avance sur le calendrier prévu, et j'ai déjà eu la chance de grimper loin du sol, de tracer des courbes avec les potes tout près du ciel, sans ce maudit "ausweis" d'un autre temps et sans me soucier du couvre feu. Un quotidien normal pour celui qui vit dans les Hautes Alpes, une chance comparé aux cages à lapins du 9.3.
Et je ne doute pas que les problèmes de 1500 guidos, d'une poignée de grimpeurs pleins de magnésie ou d'autres B.E. emmêlés dans leur suspentes, passent après la réouvertures des écoles, des frontières, des stocks de médocs, des infirmières en heures sup, des nanas qui se font tabasser par leur confiné de mari, des vieux qui meurent, des entreprises qui s'écroulent, des mecs qui se suicident, des couples qui divorcent, des mouflets qui ont peur, des banlieues qui surchauffent, des dealeurs qui s'engraissent, des flics qui démissionnent, des lois opportunistes à faire passer, des dividendes à récupérer sur la vente des masque, d'avoir une vision d'avenir, de s'occuper des élections prochaines.Faut pas se leurrer, on est tout petit.
On est tout petit, mais on fait partie de cette immense foule que je viens de décrire et il faut bien jouer des coudes pour récupérer sa ration de riz.
C'est ce qu'on fait tout ceux qui se sont dévoués pour la cause, jouer des coudes, bénévolement, après le job, après les urg, après avoir couché les mouflets.
Dites vous que nous le savons, autant que des mômes qui fustigent leur vieux qui triment pour eux. Mais les mômes sont ingrats, c'est bien connu.
Alors un tout grand merci les potos, un vrai hug, pas la main collante d'un élu en campagne, un vrai remerciement, un sincère.
À tout bientôt dans le chaos de bloc !
14 Mai 2020
LE SKI DE PELUCHE, COMMENT ÇA MARCHE DÉJÀ ?
"À quelle heure on part ?". Ho l'autre, la question...Ça fait deux mois que je n'ai pas vu ma montre et que je pense que le jour se lève à 9h30, alors savoir à quelle heure la neige décaille un 15 Mai dans les faces Est, autant te dire que là, je ne vais pas être de bon conseil. Mais bon j'd'irais 12h30, non ? Ça me laisse le temps de prendre un litre de café, de bouquiner, de trainer au jardin et de vous rejoindre, mon rythme depuis 2 mois. C'est bien comme ça non ?
Bon, quand Nelss me dis 8 h, et qu'il me confirme " 8 h au sommet", la petite roue muticolore s'est mise à tourner, tourner... J'ai appuyé sur "escape" deux trois fois, mais rien n'y a fait, elle a tourné encore un moment pour s'arrêter sur
5 h15, l'heure à laquelle il allait falloir que je me lève. 5 h15. Comme dit Jérôme, on va vite se remettre à grimper...
Benj attend depuis 45 mn, vue que Nelss ne lui a pas dit qu'on décalait à 6h. Et Nelss n'a pas réussit à se lever, le traitre, le fourbe, le félon qui se retourne sur son oreiller. Il nous a vaguement servit une excuse moisie de réveil ou je ne sais quoi... TRAITRE ! On t'aura mec, on t'aura.
Les yeux tout encroûtés de fatigue et de croissant au beurre, le blanc du Crachet réveille nos papilles gustatives gourmandes de glisse. Ça nous chatouille l'intérieur des joues de petites bulles piquantes et sucrées.
Mais ça nous chatouille aussi le cuissot devenu feignant, mais pas longtemps. On a presque eu peur de ne plus savoir.
C'est tout blanc, lisse à souhait, ça sent le "décaillage" bon teint et la moquette bien épaisse. Un régal qui nous fait saliver à qui mieux mieux. Des curés à la sortie de la maternelle.
Sommet, thé, 2 coneries à la cantonnade, et on jette les peaux au fond du sac, on cale les pompes en mode descente pour s'apercevoir qu'elle sont bien plus raide qu'il y a deux mois. Sensation de début de saison, fébrile comme à un premier rencard. Je sais encore faire au moins ?
"Bon j'y vais mais j'ai peur, parce que la neige elle est tropmolle ! Putain ça va viiiiiteuuu !"
On se fout de l'itinéraire, c'est la neige qui décide, on lui fait confiance. Ça déroule sous les appuis, le vent dans les chicots plein de moustiques à force de rigoler comme des nigauds. Ça tourne, ça courbe, ça se pousse et ça braille, des frouzes en conditionnelle quoi !
Alors à ceux qui se demandent : oui c'était booooooon, autant de se retrouver là-haut que de sentir le vent dans mes oreilles ( je ne peux plus sentir le vent dans mes cheveux...) , et ouiiiiii les conditions sont bonnes, encore et encore !
Il faut juste se lever quoi ...
À bientôt dans ma trace !
13 Mai 2020
RETOUR AUX AFFAIRES, ENFIN PRESQUE...
Il parait que j'ai de nouveau le droit de travailler, dingue non ? Bien que le côté grattage de bloc et de jardin sous salaire universel me convienne plutôt bien, retrouver mes potes et mes clients, deux groupes qui se mélangent et se confondent parfois, me rempli de joie. Mais j'ai moins rigolé à lire ce que l'on m'autorise à faire dans le cadre de mon job... ça ne va pas être simple de bosser, voir pas possible.
- J'ai le droit de skier à la journée. Bon, on est quand même bientôt en juin...
- J'ai le droit de faire de la rando glaciaire, sans approcher mes clients. Bon, le premier glacier du coin est franchement loin pour y aller à la journée, ça ne fait pas... et quand j'aurais pété les dents de mes gus avec les mousquetons que je vais leur envoyer...
- Je peux faire de la via ferrata, avec un groupe de 9 gus, mais je n'ai pas le droit de faire une grande voie d'escalade avec 1 client pour cause de promiscuité au relais ! putaaaaaaaain. Je me demande si il va y avoir un gus avec un chiffon entre chaque client de via pour essuyer le cable ?
- J'ai le droit de grimper en falaise ! ouf ... mais normalement, je dois avoir un jeu de dégaines par voie, par essai, je dois me désinfecter les mains à chaque essai... bon, on fera comme d'hab quoi, hein tintin ?
- J'ai le droit de faire du bloc mais je n'ai pas le droit de parer mon pote. Du coup, je le laisse s'écraser comme une merde à chaque essai. Il n'avait qu'à mieux placer ses pieds ce gros con, c'est vrai quoi...
- Pas le droit de faire de relais pendant les courses d'alpinisme... hey mes clients chéris, j'espère que vous avez bien progressé pendant ces 8 semaines à la maison, parce que "ratata" interdit pour le moment ( sauf en bloc... ), ça passe ou ça casse, en mode Backdraft. Les anciens disaient que la corde servait à tomber en groupe...
- Il est interdit de s'arrêter aux cols ! celle là elle va faire ma journée. Alors vous bourrez tout dans vos poches, et démmerder vous pour manger, boire et marcher en même temps. Le premier qui râle en prend une. Enfin non, je ne peux pas... je lui jetterai une pierre désinfectée. Pareil pour les photos, vous en achèterez sur Pinterest. Mais quoi ?! c'est ce que font les japonais qui visitent l'aiguille du midi en 15 mn chrono, vous pouvez bien le faire non ? Et puis comme ça je serai rentré à temps pour regarder Hanouna.
- le bivouac est interdit en Haute Savoie. Ça c'est bon aussi. La femme du préfet de la Yaute a certainement du se faire culbuter au bivouac par un guidos ou un amm pendant un stage ucpa, mauvais souvenir pour lui le bivouac, pas bien le bivouac. Il y a au moins la moitié du couple qui garde un bon souvenir de ce que c'est de dormir à la belle.
Bref, j'ai le droit de bosser quoi...
Bon, on ne va pas se laisser bouffer par des textes et des virgules, alors je vais farter les planches pour un petit tour demain, histoire de prendre la température, je vais vous trouver de belles falaises où réviser vos gammes, dégoter de belles via ferrata où on met les mains et on en prend plein les mirettes, et je vous prépare de belles nuits sous le ciel des Hautes Alpes en mode plein gaz.
Et j'ai hâte de vous revoir, même les plus vilains d'entre vous
À tout bientôt dans ma trace !
12 mai 2020
LIBÉRATION SOUS CAUTION
Putain, liberté sous condition ! Ni une ni deux, je me débarrasse des mouflets qui me tiennent les basques " part pas papa, part pas !". Oh vos gueules, ça fait 8 semaines que j'ai envie de me casser alors lâche moi. Et puis conjugues tes phrases comme il faut , il manque la négation, tu m' fais honte.
J'ai tout bourré dans la kangoo, je me suis roulé un 2 feuilles avec les recommandations du ministère de la tristitude, et je suis allé prendre du gaz avec Jérôme au Ponteil.
On a commencé par prendre soin de notre distanciation sociale avec un gros hug à la ricaine, ça faisait longtemps. Et puis on a ajusté notre promiscuité en se roulant des clopes au relais.
On étais bien chaud côté recommandations là. On avait soif et on a sifflé le gel hydro machin là. Pas bon. Beurk.
Puis on a empilé quelques longueurs au dessus nos baskets, histoire de voir la vie sous un autre angle. Ça marche à tout les coups, et ça n'a pas loupé encore une fois. Côté perf, notre lecture de l'itinéraire ne restera pas comme un modèle du genre, mais ces quelques heures suspendues à une actualité délibérément anxiogène valaient bien ces quelques errances entre les spits, bien mal placés aujourd'hui... On s'est bien rempli les alvéoles loin des esprits chagrins qui ne manqueront pas de nous montrer du doigt.
Et cette grosse dose d'énergie, on la partage volontiers avec vous !
30 Avril-
Mes topos sont mes livres de chevet du moment, comme une envie de bouger qui me serre les "trip". Et même si bouger à côté de la maison me fait tout autant envie, j'ai comme une furieuse envie du grè chaud et adhérent de Zion...
En attendant de m'y faire rouster, un peu de chaud, de bonne musique, un poil de gaz et de jeunes qui n'en veulent dans cette vidéo.
26 Avril 2020 -
Calé à la maison, comme la plupart d'entre nous, mais tout contre la montagne, à l'orée de la forêt, sous le soleil haut alpin. Un confinement confortable, au rythme du temps qui se pointe comme il veut, paisible, un luxe. Alors c'est le moment pour concrétiser les projets, ce site en fait partie. Un truc qui va à l'essentiel, sans compromis, que ce que j'aime. Il va s'étoffer, se préciser, changer, muter, comme nous quoi. Une affaire à suivre donc, avant de se retrouver dans ma trace . À tout bientôt.
Renat